Jean-Paul Goudou va démissionner de son poste de maire de Saint-Privat, une petite commune de 400 habitants située dans le Lodévois. Hier matin, cet élu de 58 ans a été mis en examen, notamment pour “escroquerie” et “usage de faux en écriture publique” (*). Il est ressorti libre du palais de justice, placé sous contrôle judiciaire.
"Où est passé l'argent ? On n'en sait rien"
Et d'avoir fait des faux dans les délibérations du conseil municipal, notamment concernant les subventions. Le tout, sur la période entre 2009 et 2013, alors qu'il était déjà dans la tourmente judiciaire (lire ci-dessous). Deux affaires avaient notamment ému les administrés. La réfection du chemin de Cantagal pour laquelle le conseil général avait versé quelque 90 000 € d'aide. "Il devait y avoir du goudronnage et le terrassement de la rue mais c'est toujours un chemin de campagne !, s'indigne un ancien élu de la commune qui requiert l'anonymat. Où est passé l'argent ? On n'en sait rien". Autre exemple : pour la rénovation de la place de Saint-Privat, plusieurs dizaines de milliers d'euros de subventions ont aussi été accordés à la municipalité. Sans résultat apparent...
Les gendarmes soupçonneraient d'autres abus. Le maire était en lien avec une entreprise de travaux publics et lui signait les factures, mais cette société ne serait pas dans le collimateur de la justice.
"C'est certain, il n'y a eu aucun enrichissement personnel"
"On lui reproche d'avoir produit des factures qui n'étaient pas le reflet des subventions obtenues. Mais ce qui est certain c'est qu'il n'y a eu aucun enrichissement personnel. Il n'a pas pris un centime d'euro dans la caisse. Les sommes perçues ont été affectées au fonctionnement de la commune", assure son avocat, Me Luc Abratkiewicz. Lequel indique aussi que le délit de favoritisme n'a pas été retenu contre son client.
(*) Il a aussi été mis en examen pour “inscription et radiations indues sur les listes électorales”.
Jean-Paul Goudou n’en est pas à son coup d’essai. En mars 2013, il a écopé d’un an de prison ferme pour deux affaires d’escroquerie, faux et usage de faux, le tribunal rappelant qu’il avait déjà une condamnation pour des faits similaires. Ce gérant de société a toujours nié les faits.
-Un : d’avoir voulu transformer une grange en appartements sans respecter le permis de construire et d’avoir fait de fausses signatures dans un dossier de modification d’un autre permis de construire.
-Deux : la falsification, à nouveau, d’un permis de construire, en profitant de sa situation de maire, pour toucher indûment 236 000 €, via sa SCI, de l’Anah (agence nationale de l’habitat). Il avait aussi écopé de 100 000 € d’amende, le tribunal dénonçant un « élu motivé par le seul appât du gain ». La cour d’appel a confirmé les sanctions en assortissant la prison de sursis. Depuis, il s’est pourvu en cassation. Ce qui lui a permis de se représenter aux élections en mars 2014 alors que le préfet l’avait révoqué à la suite de la condamnation. Et d’être réélu au premier tour.