Sony Pictures a immédiatement condamné cette publication, affirmant que WikiLeaks aidait les hackers à disséminer des contenus dérobés et privés. Plus de 47 000 employés et tiers de Sony Pictures Entertainment (SPE) – filiale de Sony – sont concernés par ce vol de données personnelles, documents financiers, scripts, courriels, etc. C’« était un acte criminel malveillant, et nous condamnons fermement l’indexation par WikiLeaks d’informations volées sur des employés et d’autres informations privées ».
« Conflit géopolitique »
L’organisation de Julian Assange, connue pour avoir dévoilé de nombreux documents confidentiels du gouvernement américain, estime, elle, que les données publiées jeudi relèvent du domaine public. « Ces archives dévoilent le fonctionnement interne d’une entreprise multinationale influente », a déclaré le fondateur de WikiLeaks, dans un communiqué. « Cela comporte un intérêt journalistique, et c’est au centre d’un conflit géopolitique. »
Ces données avaient été diffusées une première fois sur Internet, accessibles notamment par des liens permettant de télécharger plusieurs dizaines de gigaoctets de documents. En les diffusant sous forme de base de données dans laquelle il est possible d’effectuer des recherches, WikiLeaks simplifie considérablement leur accès : « Certaines histoires sont sorties à l’époque, mais il n’était pas possible de faire des recherches dans les archives originales et elles ont été retirées avant que le public et les journalistes puissent gratter la surface », poursuit le communiqué de WikiLeaks.
« Maintenant publiées dans [ce] format, les archives Sony offrent un aperçu rare des rouages d’une grande entreprise multinationale secrète. » Le communiqué précise qu’on peut y voir les activités de lobbying du groupe et ses connexions avec le Parti démocrate américain.
Influence et lobbying
« Le travail connu de Sony est de produire des divertissements. Mais les archives montrent que dans les coulisses c’est une société influente, ayant des liens avec la Maison Blanche – il y a près de cent adresses électroniques du gouvernement américain dans les archives −, avec la capacité d'avoir une influence sur les lois et les politiques, et avec des liens avec le complexe militaro-industriel américain », écrit encore WikiLeaks.
Le gouvernement américain a imputé la responsabilité de la cyberattaque de Sony à la Corée du Nord, qui avait protesté fortement contre la diffusion d’un film produit par la société hollywoodienne, The Interview, qui mettait en scène l’assassinat du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Pyongyang a démenti toute implication dans ce piratage.
Le scandale avait contraint à la démission en février de la patronne de Sony Pictures, Amy Pascal, après la publication de courriels à connotation raciste qu’elle avait écrits sur Barack Obama.