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Collectif Saint-André-Vallée d'Hérault
26 janvier 2016

La projection de "Salafistes" crée du débat au Fipa (article Le Monde)

Encore beaucoup d'incertitudes entourent la sortie du film de François Margolin et Lemine Ould Salem. Menacé d'une interdiction aux moins de 18 ans, il va repasser devant la Commission de classification des films. Pas sûr qu'il puisse être en salles mercredi 27 janvier, comme initialement prévu.

« J’apprends avec consternation qu’une inqualifiable conjuration se trame pour interdire la sortie en salles de Salafistes, film de François Margolin et Lemine Ould Salem, véritable chef-d’œuvre éclairant comme jamais aucun livre, aucun “spécialiste” de l'Islam ne l'a fait, la vie quotidienne sous la “charia”, à Tombouctou, en Mauritanie, au Mali, en Tunisie, en Irak. » Ainsi commence la lettre ouverte que Claude Lanzmann adresse ce lundi 25 juin 2016 à Fleur Pellerin via le site du Monde. C'est dire l'ardeur du cinéaste et écrivain à défendre Salafistes, ce documentaire explosif menacé depuis mardi 19 janvier d'une interdiction aux moins de 18 ans, assortie d'une obligation d'avertissement au public, et dont la sortie en salles, prévue pour ce mercredi, semble de plus en plus compromise. Depuis que la Commission de classification des films a rendu cet avis, le film, dans l'attente d'une décision définitive de la ministre de la Culture, a fait l'objet d'une mini-polémique au Fipa de Biarritz, où il était sélectionné. Là où les uns dénoncent un parti pris contre-productif, voire une apologie du terrorisme, les autres applaudissent un décryptage majeur de l'idéologie salafiste.

Aujourd'hui lundi, le ministère de la Culture a fait savoir qu'aucune décision ne serait prise tant que la nouvelle version du documentaire ne serait pas passée devant la Commission de classification. En même temps qu'un dvd du film, François Margolin avait aussi fait parvenir jeudi au ministère une lettre où il s'engageait à modifier certains passages problématiques. Contacté par Télérama, le réalisateur dit avoir coupé les quelques secondes de l'exécution du policier Ahmed Merabet par les bourreaux de Charlie Hebdo. Si la présence dans le film de cette vidéo amateure, tournée le 7 janvier 2015 depuis un appartement du boulevard Richard-Lenoir, avaient en partie motivé la décision de la Commission, François Margolin prétend qu'il s'était de toutes façons engagé depuis un mois et demi à la retirer à la demande de la famille du policier abattu. « Il ne s'agit en aucun cas de faire souffrir des gens malheureux. » Autre modification : le documentaire devrait être expurgé d'un passage de trois secondes montrant l'amputation d'une main, châtiment que réserve la charia aux voleurs.

D'après François Margolin, le ministère de la Culture et le CNC disposeront dès demain de la nouvelle version de Salafistes, « ce qui devrait permettre sa repasse devant la Commission dans la journée », espère-t-il. Ces changements mineurs suffiront-ils à infléchir ses membres, et notamment celui par qui tout est arrivé, le représentant du ministère de l'Intérieur à la Commission ? Rien n'est moins sûr. Une autre inconnue demeure : la date à laquelle Fleur Pellerin prendra enfin sa décision. Dans la foulée du ré-examen du film, rendant ainsi envisageable une sortie en salles mercredi ? En attendant, « les effets de toute cette affaire sur le film sont déjà aussi concrets que désastreux, déplore Margolin, dont la société de production Margo Films est aussi le distributeur de Salafistes. Sur la vingtaine de cinémas dans lesquels il devait sortir, les deux tiers nous ont déjà fait savoir qu'ils avaient peur. Peur d'être dans le collimateur du CNC, peur des incidents qui pourraient avoir lieu dans leurs salles, etc. Sans parler des effets collatéraux sur les chaînes de télévision qui ne savent plus sur quel pied danser. Y compris celle qui, comme France 3, a co-produit et validé le film sans aucun problème. » Dommageable, la menace d'interdiction du film aux moins de 18 ans pourrait bien dans le même temps doper la curiosité des spectateurs : l'avant-première prévue demain soir à l'institut du Monde arabe est d'ores et déjà pleine à craquer.

« J'espère que le gouvernement ne va pas jouer la montre, explique François Margolin. Et par dessus tout, j'espère que le ministère prendra une décision intelligente, qui va dans le sens de la liberté de création. Je ne peux imaginer qu'un pouvoir socialiste prenne la responsabilité de censurer un film pour des raisons politiques alors que ce n'est pas arrivé depuis la guerre d'Algérie. » Tout comme Claude Lanzmann dans sa lettre, François Margolin fait allusion à l'interdiction d'Octobre à Paris, de Jacques Panijel. Ce documentaire sur l'assassinat par la police française de centaines d'Algériens sympathisants du FLN avait fait l'objet d'une censure gouvernementale jusqu'en 1973.

Si d'aventure la Commission réitérait son avis d'une interdiction aux moins de 18 ans et que la ministre l'entérinait, cela créerait de fait une jurisprudence de bien mauvaise augure pour la liberté des auteurs dans ce pays. Du pain béni aussi pour tous ceux qui, sur un autre registre que la politique (le sexe par exemple, voir l'acharnement récent de l'association Promouvoir contre La Vie d'Adèle), ont envie de faire des trous dans les films.

Claude Lanzmann, lui, termine son courrier en en appelant à Manuel Valls, « qui a d’autres titres à entrer dans l'Histoire que de permettre une aussi honteuse censure. »

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