Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Collectif Saint-André-Vallée d'Hérault
31 décembre 2015

Décès du botaniste, biologiste, pharmacologue...Jean-Marie Pelt (article Le Monde)

C’est à Rodemack, le petit village de Moselle où il est né, et où est né son amour des plantes et de tout ce qui vit, qu’il a voulu être  inhumé. Botaniste, biologiste, pharmacologue mais aussi écologiste de la  première heure, homme de radio, écrivain et grand vulgarisateur, Jean-Marie Pelt  est mort, mercredi 23 décembre, à Metz, à l’âge de 82 ans. Il a été  l’une des figures les plus marquantes – et aussi l’une des plus  singulières – du mouvement écologiste français, au croisement paradoxal de  la science, de la foi chrétienne et de l’engagement militant.

Dans le bourg mosellan où il naît en 1933 et où il passe ses  premières années « s’est jouée la première manche » de sa vie  et de sa vocation, raconte-t-il dans la réédition de L’Homme renaturé (Robert Laffont, 2015). « Mon grand-père, horticulteur retraité  d’un château de la famille de Wendel,  les maîtres de forges de Lorraine, y avait son jardin ;  un jardin de rêve, mon jardin d’Eden. » C’est là,  écrit-il, qu’il se précipite chaque jour à la sortie de l’école, pour participer aux travaux de jardinage de son grand-père. « Puis venait l’instant magique où (…) il me ravissait par ses  histoires : histoire des abeilles et de leurs relations amoureuses avec les  fleurs, histoire des graines qui germent, histoire des plantes qui respirent et  qui transpirent, elles aussi. »

« Un explorateur de mondes méconnus »

Au déclenchement de la seconde guerre mondiale, il a 6 ans. Sa famille  fuit l’est de la France pour trouver refuge à Marcillat-en-Combraille, dans l’Allier. Les  Pelt se ravitaillent dans une petite ferme « quasi  antédiluvienne », « sans électricité, ni téléphone, ni voiture,  ni aucune technologie ancienne ou nouvelle ». « La ferme  parfaitement autarcique de nos amis restait sur le modèle des fermes de l’an  mil, racontait-il au soir de sa vie. Le monde, lui, a plus changé  pendant le déroulement de ma propre existence qu’il n’avait changé depuis le  néolithique à la ferme de Marcillat. » Cette expérience de vie simple,  où la subsistance est suspendue à la prodigalité de la nature, le marque  profondément.

En 1959, il décroche son doctorat de pharmacie à l’université de Nancy,  où il sera nommé maître de conférences trois ans plus tard. Il se distingue  d’abord par ses travaux en ethnobotanique – l’étude des interactions entre  les plantes et les sociétés humaines. Dans les  années 1960, il arpente les montagnes afghanes et publie ses premiers  travaux sur les plantes endémiques de l’Hindou Kouch et leurs propriétés  pharmacologiques.

« Il a travaillé dans toutes ces zones où il est désormais  impossible de se rendre, raconte Denis Cheissoux, producteur de l’émission « CO2 mon amour », sur France Inter, dont Jean-Marie Pelt  était l’intervenant et chroniqueur emblématique. L’Afghanistan, mais aussi la Syrie,  l’Irak,  le Yémen… » Ses travaux sur les pharmacopées traditionnelles l’emmèneront également en  Côte d’Ivoire, au Togo ou encore au Maroc. « Il n’était pas seulement un botaniste et pharmacologue exceptionnel,  il était aussi un grand explorateur de mondes méconnus », ajoute son  ami le biologiste Gilles-Eric Séralini, avec qui il partageait plusieurs de ses  combats, en particulier contre l’agro-industrie.

Chrétien fervent

Il est alors, aussi, le secrétaire particulier et confident de Robert  Schuman, l’un des pères de l’Union européenne, qui fut  pour lui, écrira-t-il, « comme un second grand-père », et à  qui il consacrera un livre (Robert Schuman : père de l’Europe, Ed.  Serge Domini, 2002). Le projet européen et la politique,  la mise en application des idées portées par l’écologie, ont  d’ailleurs occupé une place importante dans sa vie. Amené en politique par le père de l’Europe, il devient premier adjoint au  maire de Metz, Jean-Marie Rausch (divers droite), entre 1971 et 1983, et joue un  rôle important dans la sauvegarde du patrimoine historique et environnemental de  la ville.

« Ardent défenseur de l’écologie urbaine, Jean-Marie Pelt a fait de  Metz le laboratoire d’une ville-jardin plus juste et plus  harmonieuse », a déclaré Dominique Gros, l’actuel maire de la cité  mosellane. Au début des années 1970, à peine entré au conseil municipal, il  fonde l’Institut européen d’écologie (IEE), dont il restera président jusqu’à sa  mort. En 1972, il est nommé professeur de biologie végétale et de  pharmacognosie à l’université de Metz, chaire qu’il tiendra jusqu’à sa retraite,  en 1993.

« Jean-Marie Pelt était d’abord et avant tout un homme profondément  bon, dit l’avocate et femme politique Corinne Lepage, qui le  connaissait depuis près de quarante ans. C’était quelqu’un de  bienveillant, également empreint d’une profonde spiritualité. Il aurait presque  pu être un homme d’Eglise ! » Chrétien fervent, habité par une  foi qui ne l’a jamais quitté, Jean-Marie Pelt incarnait le versant plutôt  conservateur de l’écologie politique, attaché aux terroirs, à la ruralité, peu  enthousiasmé par le métissage culturel…

« Apocalypse écologique »

Dans les années 1990, face aux grandes innovations en biotechnologies  végétales, il est l’un des fers de lance de l’opposition à l’arrivée des  cultures transgéniques en Europe : en 1999, il fonde, avec Corinne  Lepage, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie  génétique (Criigen). Cet engagement contre l’introduction des OGM dans le  monde agricole lui vaudra de nombreuses inimitiés. Certains chercheront  d’ailleurs dans sa foi religieuse matière à lui chercher querelle, à questionner sa légitimité scientifique.

« On lui a parfois fait un procès en créationnisme, mais cette  accusation est ridicule, dit Denis Cheissoux. Il était d’abord et avant  tout un scientifique. » Dans un livre publié au milieu des  années 1990 (Dieu de l’univers, Fayard, 1995), Jean-Marie Pelt a  voulu « réconcilier le monde de la science et celui de la  foi », en montrant que la rationalité de la pratique scientifique  n’excluait pas le sentiment religieux, en revendiquant une méfiance profonde  dans les vertus du progrès technique. Il demandait aux scientifiques de « s’arrêter ne serait-ce qu’un instant », « de descendre du train emballé du progrès et de regarder alentour, de prêter l’oreille aux plaintes d’une nature épuisée, d’hommes  et de femmes harassés, désorientés par cette fuite en avant éperdue qu’il leur  impose et qui les annihile peu à peu ».

« Il était aussi tout à fait conscient de ses  contradictions », rappelle Corinne Lepage. Car en dépit de sa foi, il  demeurait convaincu, contre la doxa chrétienne, que la crise écologique – l’« apocalypse écologique », disait-il parfois – était aussi la conséquence d’une démographie galopante.

Grand vulgarisateur, auteur de séries documentaires télévisées, chroniqueur  régulier sur différentes antennes, d’abord RTL, ensuite France Inter, il a été  l’auteur francophone le plus prolifique sur les relations entre la nature et  l’homme, avec plus de 70 ouvrages à son actif, qui ont trouvé un large  public, séduit par sa pédagogie, son engagement, mais aussi son regard  singulier. « Il était à la fois totalement bienveillant envers  chacun, résume Denis Cheissoux, et en même temps parfaitement conscient  de l’ampleur des exactions de notre espèce. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2015/12/23/le-biologiste-jean-marie-pelt-est-mort_4837098_3382.html#tHMr3p1Jy4p04KBf.99

Publicité
Publicité
Commentaires
Collectif Saint-André-Vallée d'Hérault
  • Le Collectif Saint-André-Vallée d’Hérault est une association composée de citoyens impliqués dans le tissu associatif, économique, ou issus de la société civile et désireux de s’investir dans la vie locale.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 106 299
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
17 abonnés
Collectif Saint-André-Vallée d'Hérault
Publicité