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Collectif Saint-André-Vallée d'Hérault
13 décembre 2014

L'opposante aux "ABCD de l'égalité" , Farida Belghoul, sanctionnée par l'éducation nationale (article du Monde)

L'enseignante Farida Belghoul, fer de lance des appels au boycott de l'école contre la supposée « théorie du genre », a été sanctionnée d'un blâme pour avoir notamment critiqué la ministre de l'éducation, a annoncé jeudi 30 octobre le rectorat de Versailles. Mme Belghoul peut contester cette sanction devant le tribunal administratif.
« Un blâme, cela revient à lui dire que ce n'est pas bien, mais cela n'a pas de conséquences », a indiqué le rectorat, qui avait engagé une procédure disciplinaire contre l'enseignante en septembre pour « manquements aux devoirs de réserve et de loyauté incombant aux fonctionnaires ».
C’est sur les réseaux sociaux que l’enseignante en lycée professionnelle était sortie de sa réserve, en janvier, pour lancer, une fois par mois, un appel au boycott de l’école contre « l’abomination » d’une supposée « théorie du genre ». C’est sur les réseaux sociaux, aussi, qu’elle s’est laissé piéger. Le rectorat de Versailles lui reproche, outre « l’incitation des parents à retirer leur enfant de l’école (…) en méconnaissance de l’obligation d’assiduité », des « propos déplacés » à l’encontre de la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, présentée comme « la chouchoute du lobby trans, bi et cie » dans un billet de blog daté du 26 août, jour de sa nomination rue de Grenelle, présentée comme « une déclaration de guerre aux familles de France ».
Autre erreur de Farida Belghoul : avoir mis en ligne, sur le même site de la « Fédération autonome de parents engagés et courageux » (la FAPEC, association familiale liée au mouvement dit des « journées de retrait de l’école », ou JRE), une vidéo où elle raconte être allée à Moscou pour rencontrer d’autres militants en vue de créer une « organisation internationale de défense de la famille traditionnelle ». Problème : lors de ce déplacement, la professeure d’histoire et de lettres était censée être en congé maladie.

Colportage de rumeurs sordides

Pas sûr que le blâme suffise à ramener dans le rang cette ancienne figure de proue de la jeunesse immigrée, partie en croisade pour protéger « la pudeur et l’intégrité des enfants ». Dans son viseur : les « ABCD de l’égalité », un dispositif de lutte contre les inégalités filles-garçons expérimenté dans quelque 600 classes, avant d’être interrompu avant l’été. Mais le recul du gouvernement n’a pas fait désarmer la militante « anti-genre », sûre que le « plan d’action » pour promouvoir l’égalité entre les sexes, promis le 30 juin par l’ancien ministre de l’éducation, Benoît Hamon, en est le prolongement –sinon l’élargissement.
Sa méthode : inonder de SMS des parents d’élèves ciblés dans la communauté musulmane, en colportant les rumeurs les plus sordides : cours de masturbation dès la maternelle, distribution de peluches en forme de pénis et de vagin, modules d’éducation sexuelle « avec démonstration »...
Si les « JRE » n’ont eu qu’un impact circonscrit – avec une centaine d’écoles (sur 48 000) confrontées à des absences d’élèves en janvier, 70 en février, autant mi-mars –, la campagne de calomnie a, elle, touché sa cible. C’est ce que confirme le rapport d’évaluation des inspections générale, divulgué le 30 juin, qui consacre 7 pages (sur 40) à l’impact de ce mouvement de contestation. Un « phénomène inédit, d’une réelle violence symbolique pour les enseignants et souvent générateur de doutes », écrivent les inspecteurs. Et d’ajouter que « les enseignants ne souhaitent pas prendre le risque d’induire des conflits de valeurs chez les enfants dont elles/ils savent la fragilité et qu’elles/ils respectent ».

Elle retire ses enfants de l’école en 2007

On comprend mieux, dans ce contexte, les hésitations du gouvernement à communiquer le détail du « plan d’action » et de la « mallette pédagogique » initialement promis pour le 2 septembre, jour de la rentrée. Dans l’entourage de Mme Valaud-Belkacem, on évoque désormais « une échéance en novembre ».
Farida Belghoul n’est pas tout à fait novice sur la scène publique. C’est en 1984, lors de la deuxième Marche des beurs, qu’elle est sortie de l’anonymat. Un an après la Marche pour l’égalité, le 1er décembre 1984, une cinquantaine de jeunes issus de l’immigration arrivaient en cyclomoteur à Paris avec le slogan : « La France, c’est comme une mobylette, pour avancer il lui faut du mélange. » Parmi eux, Farida Belghoul, 26 ans, fille d’un éboueur algérien et d’une femme de ménage.
Titulaire d’une maîtrise d’économie, la jeune femme milite un temps. Puis s’efface du devant de la scène. Elle se marie, opère un virage religieux vers le soufisme, commence à enseigner, se désole du niveau des élèves en banlieue… En 2007, elle retire ses enfants de l’école pour leur faire cours chez elle, à Bezons (Val-d’Oise). En 2013, elle réapparaît sur Internet.
La militante s’affiche notamment aux côtés de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, avec qui elle se serait brouillée récemment mais qui n’en relaie par moins, sur le site de son réseau Egalité et Réconciliation, le lancement des « ABCD de la complémentarité », sortes d’anti ABCD de l’égalité. Ce programme d’actions reposerait sur des ateliers de lecture proposés aux enfants. De « saines » lectures : Frérot et soeurette, Raiponce, La gardeuse d’oies, La jouvencelle au roseau, Le prince grenouille…

Mattea Battaglia  Journaliste au Monde
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